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Épisode 6 : les découvertes issues du diagnostic à Flins/Les Mureaux (suite)

Entre 4 600 et 2 200 ans avant J.-C., au Néolithique moyen et final, il y avait...

... une occupation importante et assez bien conservée que l’on peut interpréter comme plusieurs villages successifs, des lieux dédiés à la taille du silex et une enceinte fossoyée.

C’est pendant la période du Néolithique que l’Homme, jusqu’à alors chasseur-cueilleur dépendant de son environnement, est devenu sédentaire grâce à la culture des plantes et à la domestication des animaux. En devenant agriculteur, il a pu contrôler ses moyens de subsistance et s’installer de façon pérenne sur un territoire. Dans les Yvelines, les premiers villages sont apparus vers 5 100 avant J.-C.

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Chronologie des découvertes : le Néolithique.

À Flins-sur-Seine et aux Mureaux, ce sont 7 sites néolithiques qui ont été découverts sur les 104 hectares de terrains diagnostiqués. Les archéologues datent plus précisément ces sites de trois phases distinctes :
- 3 sites du Néolithique moyen I (4 600 à 4 200 ans avant J.-C) et moyen II (4 200 à 3 500 ans avant J.-C).
- 4 sites du Néolithique récent et final (3 500 à 2 200 ans avant J.-C).

Ces occupations s’étalent sur plusieurs dizaines d’hectares et se situent entre 40 cm et 1 m de profondeur sous la surface du sol actuel.





▪ Entre 4 600 et 4 200 ans avant J.-C. (au Néolithique moyen I) : un bâtiment

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Ces traces sombres sont les vestiges des poteaux porteurs d’un bâtiment et des fosses-dépotoirs.

Cette période ancienne du Néolithique est mal connue car peu de vestiges en sont conservés. Les archéologues ont eu la chance de découvrir, lors de ce diagnostic, des traces sombres dans le sol qui correspondent à des trous de poteaux, indiquant la présence d’un bâtiment en bois, et des fosses qui ont servi de dépotoirs.

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Fragment d’une céramique décorée au peigne (Néolithique moyen I).

Dans ces fosses, quelques objets se sont conservés. Certains tessons de céramique, bien que petits, permettent aux archéologues de reconnaître la forme globale du vase dont il provenait et de lui attribuer une datation. C’est le cas de ce fragment qui, avec son décor réalisé au peigne en os, est un témoin marquant du Néolithique moyen I.





▪ Entre 4 200 et 3 500 ans avant J.-C. (au Néolithique moyen II) : une enceinte inédite dans les Yvelines !

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L’enceinte a pu être identifiée grâce à ces traces : une extrémité du fossé (à gauche) et une palissade de poteaux jointifs (à droite).

À cette période, les habitats sont souvent protégés par des enceintes constituées d’un fossé, d’un talus et d’une palissade en bois. Le diagnostic a permis de découvrir une de ces enceintes avec une portion d’un fossé d’environ 50 m et de sa palissade. Ce grand fossé, profond d’au moins 2 m, est interrompu plusieurs fois en segments de 2 à 3 m. Ces interruptions servaient peut être à aménager des accès. Il est difficile pour le moment d’en estimer la périphérie totale.

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Ces milliers d’éclats et d’esquilles de silex, appelés "amas de débitage", sont les restes d’une activité de taille du silex.

À l’intérieur, plusieurs vestiges ont été découverts : des bâtiments (traces de structures en creux comme des trous des poteaux porteurs ou des fosses servant de dépotoir), des lambeaux de sols d’occupation et des amas d’éclats de silex indiquant des zones de travail.





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Restitution possible d’un village du Néolithique moyen protégé par une enceinte... (dessin J. Soulat)

Les informations recueillies lors de ce diagnostic et les recherches déjà menées sur ce type d’enceinte ailleurs en France permettent d’en proposer cette reconstitution.








▪ Le mobilier archéologique de cette période :

C’est au Néolithique qu’apparaissent la céramique, les haches en silex et en roches dures ainsi que les meules en grès servant à moudre les céréales. Sur ce site, une très grande quantité de mobilier, composé de silex, de grès, de céramique et des restes osseux d’animaux consommés, a été découverte dans les tranchés : 407 kg  !
Dont :
- 1 316 tessons de céramique
- 14 145 objets et éclats en silex


▪ Entre 3 500 et 2 200 ans avant J.-C. (au Néolithique récent/final) : des vestiges d’habitats particulièrement bien conservés

Cette période se caractérise par la multiplication des sépultures collectives (allées couvertes, allées sépulcrales, dolmens…), nombreuses dans les Yvelines notamment à la confluence Seine/Mauldre. La découverte d’habitats sur ce site s’avère d’autant plus intéressante qu’ils étaient jusqu’à présent inconnus. Leurs formes sont, par ailleurs, différentes de celles du Néolithique moyen car les structures en creux sont quasi absentes ; les bâtiments ne semblent pas être construits sur poteaux de bois. Et la fouille de très nombreux sols d’occupation bien conservés a fourni des éléments nouveaux pour la compréhension du quotidien des hommes néolithiques… et finalement, du mode de construction de leurs bâtiments.

▪ Des sols d’occupation…

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Les rejets de la vie quotidienne : des vases écrasés et des outils en silex, le tout sur un sol parfaitement plat…
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Vase retrouvé en place, complètement écrasé par les sédiments.

▪ … et des foyers.

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Non loin des niveaux de sol, se trouvaient des foyers, signe d’une activité nécessitant l’usage du feu, ou peut-être du simple besoin de se chauffer… Les feux étaient aménagés dans des creusements peu profonds. Les archéologues les ont identifiés grâce à l’aspect particulier de la terre, rougeâtre et cendreuse, et grâce à la concentration de nombreux galets brûlés.



▪ Des activités liées à la production d’outils en silex

Cet amas d’éclats et d’esquilles de silex est le vestige d’une activité de taille de haches. Non loin, un dépôt d’ébauches ratées de haches a été découvert ! Il pouvait servir de réserve de matière première pour la réalisation d’autres outils… JPEG JPEG

▪ Des vestiges de bâtiments ?

JPEG La découverte exceptionnelle d’empierrements structurés apporte la preuve de constructions d’un autre type. Ce sont très certainement les vestiges de solins (fondation en pierre pour des murs en bois et torchis) et des radiers (épandage de pierres) servant à isoler le sol de l’habitation et, éventuellement, à supporter un plancher en bois.





▪ Le mobilier archéologique du Néolithique récent/final :

Pendant cette phase, les céramiques, les meules en grès ou l’industrie de taille du silex étaient bien présents avec un total de 415 kg  !
Dont :
- 1 502 tessons de céramique
- 17 664 objets et éclats en silex

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Grand vase de stockage et vase à carène sinueuse, importé de l’ouest de la France.

Les décors de céramique étaient extrêmement rares sur les vases de cette période. La majorité se présentait comme de grandes formes aux parois épaisses et peu soignées, servant au stockage des denrées. Des formes plus petites, à la finition plus aboutie, existaient aussi comme vaisselle de service (ex. vase avec une carène sinueuse, provenant de l’ouest de la France). On retrouve également des fusaïoles (poids) en terre cuite témoignant du tissage des vêtements.

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Dessins et photographies de lames de haches en silex et de deux poignards du "Grand-Pressigny".

L’outillage classique en silex est représenté : de nombreuses haches polies ou non, des grattoirs, des perçoirs, des armatures de flèches… Mais également d’autres outils, moins courants comme ces deux poignards en silex dit du "Grand-Pressigny" (site éponyme), importés de la région de Tours (Indre-et-Loire).


Épisode 7 : les nouveaux sites... des âges des métaux !

En image...

Vases provenant du grand fossé de l'enceinte datée du Néolithique moyen II. Ce sont des formes simples, sans décors complexes, utilisées comme vaisselle. Au Néolithique moyen, les vases étaient peu décorés, mais les ustensiles, oui ! Ce fragment de "plat-à-pain" porte des empreintes de doigts, dont les creux favorisent aussi la cuisson des galettes. Parmi les restes osseux, on peut remarquer un crâne de bovidé, probable reste alimentaire, et un fragment de mandibule humaine dont la présence n'a pas encore été expliquée. Echantillon de l'outillage en silex du Néolithique moyen, dont un perçoir, un grattoir, une armature de flèche, des lames de haches… Dessin d'une fusaïole en terre cuite du Néolithique récent/final (vue du dessus et en coupe).
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"J’ai toujours rêvé d’être archéologue", l’expérience d’élèves de 5e de Bondy, dont le collège accueille en résidence Cyrille Le Forestier, archéologue de l’Inrap, pour une année scolaire. Une émission de 30 mn sur France Culture où les enfants s’expriment sur leurs découvertes et le métier d’archéologue. A écouter !

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