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Des mégalithes en Yvelines : l’exemple de la sépulture collective d’Épône

Les mégalithes (grosses pierres) utilisés comme sépultures sont bien connus en Bretagne, mais se retrouvent aussi dans toute l’Île-de-France. Dix-sept sont attestés dans les Yvelines, dont huit encore visibles dans le paysage. À Épône, au moins quatre ont été identifiés, comme celui-ci, situé au lieu-dit ancien des Pierres de La Justice.

Cette sépulture collective est une allée couverte datée, comme beaucoup d’autres monuments de ce type, du Néolithique final (environ 2 500 ans avant J.-C.). Les sépultures monumentales apparaissent dans toute l’Europe de l’ouest vers 4 000 ans avant J.-C.

Les tombeaux collectifs néolithiques peuvent avoir plusieurs formes (toutes présentes dans les Yvelines) : l’ allée couverte, le dolmen, l’ allée sépulcrale et l’ hypogée. Selon la taille du monument, ils pouvaient contenir plusieurs centaines d’inhumations, de même qu’un abondant mobilier funéraire déposé en offrande : lames de haches polies, outils en silex et en os, céramiques, parures en schiste, etc.

Leur construction pose la question de l’organisation sociale des groupes préhistoriques, mais aussi celle des techniques employées. Ceux qui dirigeaient les travaux avaient de réelles connaissances géologiques (savoir où trouver les bonnes pierres, connaître la résistance des matériaux). Il fallait sans doute aussi une certaine autorité morale et spirituelle, voire religieuse, pour déterminer l’emplacement et l’orientation du monument, et rassembler, puis diriger une main-d’œuvre importante (probablement un ou plusieurs villages).

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Maquette montrant la construction d’une allée couverte (P. Laforest/SADY).

La traction, sur parfois plusieurs kilomètres, et l’érection des mégalithes (pesant plusieurs dizaines de tonnes) ont longtemps été une énigme. Toutes sortes d’hypothèses ont eu cours comme leur attribution aux Celtes jusqu’aux extraterrestres...

C’est notamment grâce à des démarches d’expérimentation des techniques anciennes que les archéologues ont pu déterminer la façon la plus plausible de construire ces monuments. Ils ont ainsi pu démontrer que 200 personnes sont capables de tirer une dalle de 32 tonnes sur une grande distance.


Description de l’allée couverte

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Vue de l’allée couverte : à droite, vers le nord-ouest, se poursuivait la probable antichambre.

À l’origine, la sépulture collective d’Épône était composée d’une longue chambre funéraire (11,70 x 1,50 m) d’une hauteur intérieure d’environ 1,90 m, et peut-être d’une antichambre. Il ne reste aujourd’hui du monument qu’une partie de la chambre funéraire (env. 5 m de long), constituée de 11 piliers à droite (orthostates), 6 piliers à gauche, de 3 "tables" de couverture en meulière et d’une dalle terminale, en grès.
Dans cette chambre ont été identifiées soixante inhumations, déposées en deux niveaux séparés par des plaquettes de calcaire. La couche inférieure d’inhumations reposait directement sur le sol dallé et la couche supérieure était recouverte d’un autre niveau de plaquettes.
D’après l’étude réalisée en 1895 par M. Manouvrier, les individus avaient une taille moyenne de 1,60 m pour les hommes et de 1,50 m pour les femmes. Et 4 crânes se sont avérés remarquables, un pour ses stigmates d’une trépanation et les trois autres, féminins, pour les signes gravés en forme de T qu’ils portent. Ces incisions existaient avant le décès des individus.

Enfin, il semble qu’un grand foyer ait été allumé sur le sol dallé avant le dépôt des corps, peut-être à l’occasion d’une cérémonie funéraire.


Une histoire mouvementée

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Aquarelle représentant le monument, réalisée par M. Guégan de l’Isle à la fin du XIXe siècle.

Cette sépulture préhistorique était encore recouverte de son tumulus de terre lorsqu’en 1793, les habitants des villages voisins l’ouvrirent à la recherche de trésors. Ils ne trouvèrent que "des ossements innombrables et petits objets". Très abîmé, le monument fut retrouvé en 1833 et fouillé, pour la première fois, en 1881 par M. Perrier du Carne, puis classé Monument Historique en 1887.

De nouvelles fouilles ont été réalisées en 1953-1954 par la toute première archéologue des Yvelines, Eliane Basse de Ménorval, également ancienne directrice de la Circonscription préhistorique du Nord de la région parisienne. Elle fit procéder à des restaurations en 1955.

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Vue de la fouille de 1954, menée par Mme Eliane Basse de Ménorval.
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Restauration et consolidation du monument en 1955, dirigées par Mme Basse de Ménorval (au centre).


















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Deux armatures de flèches en silex (fin du Néolithique), collection SADY.

Quant au mobilier funéraire qui avait survécu aux pillages et avait été transféré au musée de Mantes, il disparut en grande partie lors des bombardements de la guerre 1939-1945. Une petite collection (quelques ossements et silex), ainsi que la documentation de fouille appartenant à Mme Basse de Ménorval, sont encore conservées au SADY.

Malgré les dégradations subies, l’essentiel de cette sépulture collective est encore observable sur le site, dans le square de la rue des Dolmens, quartier d’Elisabethville. Elle est remblayée jusqu’aux deux-tiers des dalles verticales pour assurer sa stabilité et sa bonne conservation.

- Bibliographie Néolithique

En image...

Allée couverte d'Epône en cours de fouille, en 1954 (coll. Mme Basse de Ménorval). Restauration et consolidation de l'allée couverte d'Epône, 1955 (coll. Mme Basse de Ménorval).
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