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Une déviation entre Richebourg et Tacoignières : des découvertes fragmentaires

Le projet de déviation de la route départementale 983 contournant le village de Richebourg, porté par le Département des Yvelines, a motivé la prescription d’un diagnostic d’archéologie préventive par le Service régional d’Archéologie d’Île-de-France (DRAC), en raison du potentiel patrimonial que recelait le secteur. Sa réalisation en a été confiée au SADY et s’est déroulée entre février et mars 2011.

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Vue aérienne du diagnostic archéologique préalable à la construction de la RD 983.

Ce diagnostic sur un tracé linéaire a permis de repérer des indices inédits mais fragmentaires d’occupations humaines allant du Paléolithique moyen (- 250 000 ans) à l’Antiquité romaine (IIIe siècle).
Deux périodes de cette longue histoire étaient toutefois mieux représentées : celle de l’ Azilien , datée de – 10 000 ans, et celle comprise entre la fin de l’indépendance gauloise et le Haut-Empire romain. Les vestiges en sont bien structurés et n’ont pas subit de déplacements. Jusque là aucune découverte préhistorique n’avait été mise au jour dans ces deux communes.


Présentation de l’opération

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Localisation du diagnostic archéologique (RD 983).

L’emprise du projet de déviation, long de 4 500 m pour 25 m de large en moyenne, se situe à proximité immédiate du village de Richebourg et de la voie ferrée reliant Paris à Granville. Plusieurs contraintes comme la présence de réseaux d’adduction d’eau, de gaz et des lignes électriques et téléphoniques ont limité l’intervention archéologique. Ainsi, ce sont au total 34 tranchées et quelques sondages complémentaires qui ont été réalisés du nord au sud du tracé de la future déviation. Ces ouvertures couvrent une superficie de 10 400 m², soit 10,15 % de la surface accessible (pourcentage correspondant à la norme prescrite par l’État).




Les découvertes

Entre – 250 000 et – 35 000 ans (Paléolithique moyen) : deux épandages de mobilier remanié

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Petit biface cordiforme découvert lors du diagnostic de la RD 983 à Richebourg.

Dans une tranchée, la découverte de 7 objets en silex, dont un nucléus Levallois et un petit biface cordiforme, indique une occupation de ce secteur par des néandertaliens, d’un type culturel que les spécialistes nomment le Moustérien de Tradition Acheuléenne.

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Racloir du Paléolithique moyen découvert à Richebourg.

Un second ensemble de 137 silex, réparti dans plusieurs tranchées sur une longueur de près de 1 km, consiste essentiellement en éclats et cassons auxquels se rajoutent trois racloirs, une pointe et un autre nucléus Levallois. L’ensemble est difficile à dater avec précision et s’inscrit donc dans le Moustérien au sens large.







Vers – 10 000 /– 9 000 ans (Paléolithique supérieur) : un important amas de silex de l’ Azilien

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Zone de découverte de l’amas de débitage de silex de l’Azilien récent (Richebourg).

Un amas d’éclats, issu de la taille de silex, a été découvert à proximité de bois fossiles : 181 objets ont été récoltés et cotés en trois dimensions, permettant d’identifier des fragments qui s’assemblent. L’ensemble se compose à 80 % d’éclats et de cassons, mais aussi de 6 nucléus et d’un seul outil, un grattoir, tous caractéristiques de la culture de l’ Azilien récent.

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Indication de l’axe de débitage des éclats sur un nucléus en silex (Richebourg).

Ces éléments retrouvés concentrés indiquent que l’activité de taille a été menée sur place.







Vers – 8 000 / - 7 000 ans (Mésolithique) : quelques indices d’occupation

Deux tranchées ont livré 5 objets en silex caractéristiques du Mésolithique moyen : des nucléus à lamelles, des lamelles et une armature* (pointe à base retouchée). Mais ces objets étaient mêlés à des éléments modernes et contemporains, ce qui limite leur l’interprétation. Ils indiquent néanmoins que le secteur a été fréquenté à cette époque sans pouvoir localiser précisément l’occupation.

Vers – 900 / – 800 ans (fin de l’âge du Bronze / début de l’âge du Fer) : un témoignage isolé

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Partie haute d’un vase protohistorique retrouvé écrasé (Richebourg).

La découverte de la partie haute d’un vase en céramique, probablement écrasé sur place, laisse supposer la présence d’un habitat situé hors emprise du diagnostic, mais suffisamment proche pour expliquer cette découverte isolée. La forme du récipient et son décor, composé d’une rangée d’impressions obliques réalisées à l’ongle, permettent de proposer une fourchette chronologique large, entre les IXe et VIIIe siècles avant notre ère (transition Bronze final et Hallstatt ).





Du Ier siècle avant J.-C. au début du IIIe siècle après J.-C. (fin de l’âge du Fer / Haut-Empire) : un établissement rural et ses dépendances

Les vestiges découverts dans deux tranchées témoignent de l’installation d’un petit établissement rural à la fin de l’âge du Fer et qui perdure jusqu’au Haut-Empire romain.

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Plan des vestiges laténiens et antiques de la tranchée 20 (fossé d’enclos : F1, 12 et 14) découverts sur la RD 983.

Des portions de plusieurs fossés, des trous de poteaux et des fosses servant de dépotoirs, associés à des objets de la vie quotidienne, composent les vestiges fragmentaires d’une ferme avec ses dépendances. Toutefois, seule une petite partie de l’enclos principal a pu être observé et un unique bâtiment sur poteaux repéré. Les autres fossés identifiés pourraient aussi appartenir à un réseau parcellaire plus étendu. Ainsi, tous ces indices évoquent une forme d’habitat intermédiaire, entre la vaste villa et la simple ferme, qui ne pourra être véritablement décrite qu’avec une fouille extensive.

De cette longue occupation il faut noter, pour la fin de l’âge du Fer, une relative richesse des occupants perceptible grâce à la présence d’amphores utilisées pour transporter des vins de qualité issus des plaines campaniennes ("zone du Falerne"). Pour la période romaine, les amphores et autres céramiques découvertes montrent des origines très diverses prouvant la vitalité des échanges : Italie, sud de l’Espagne, Gaule du sud, région lyonnaise, Val de Loire…


À savoir

Les conditions de conservation des vestiges Le sous-sol, globalement sableux dans ce secteur, rend favorable la conservation d’une partie seulement des vestiges archéologiques. En effet, pendant les périodes froides qui se sont succédé durant la Préhistoire, la couverture végétale est restreinte. Les sables sont alors facilement transportés tant par le vent que par le ruissellement. Ces phénomènes contribuent, d’une part, à éroder fortement les reliefs et les niveaux archéologiques qui s’y trouvent et, d’autre part, à recouvrir ceux situés dans les creux. Ce contexte entraîne également un tri des vestiges : les plus gros objets (lourds) restant en place et les plus petits se "déplaçant" vers le bas des reliefs. Cette érosion devient aussi plus marquée à partir du développement de l’agriculture, phénomène qui ne s’amplifie réellement qu’à la fin de l’âge du Bronze (vers - 900 ans).

Ainsi, selon la localisation des occupations humaines (reliefs ou creux), les objets se sont trouvés plus ou moins bien conservés en place ou ont été déplacés et se trouvent ainsi en "position secondaire".

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"J’ai toujours rêvé d’être archéologue", l’expérience d’élèves de 5e de Bondy, dont le collège accueille en résidence Cyrille Le Forestier, archéologue de l’Inrap, pour une année scolaire. Une émission de 30 mn sur France Culture où les enfants s’expriment sur leurs découvertes et le métier d’archéologue. A écouter !

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