Haut Moyen Âge

De 476 au Xe siècle

Le territoire et les hommes

La chute de l’empire romain et les grandes invasions pendant lesquelles le peuple franc pénètre en Gaule (entre 430 et 450) marquent le début du Haut Moyen Âge. Les francs dès lors domineront le territoire donnant naissance aux dynasties mérovingienne (Ve au VIIe siècle) et carolingienne (VIIe au IXe siècle).

Les terres les moins fertiles sont abandonnées et un phénomène de concentration foncière se développe. Le sud du département se dépeuple laissant la place à de grandes forêts dont celle de Rambouillet constitue un vestige. Contrairement à la légende communément admise, celle-ci n’est donc pas le vestige de la forêt gauloise mythique des Carnutes.

Presque la moitié des sites d’habitation du Haut Moyen Âge ont une origine antique ce qui montre une très forte continuité dans l’implantation de la population. C’est le cas des villes de Septeuil, Epône, Houdan, Jouars-Pontchartrain, Maule, Meulan, Les Mureaux ou Poissy, qui sont très importantes durant le Haut Moyen Âge.

Le commerce terrestre et fluvial reste dynamique. Les textes citent des commerçants d’outre-Manche qui remontent les voies navigables des Yvelines comme la Seine et l’Oise. Ports et péages sont nombreux.

Production agricole et artisanale

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Fibule en forme d’oiseau provenant de Septeuil.

Les systèmes agraires changent, les villae disparaissent au profit d’autres exploitations. De grands domaines agricoles appartenant à des seigneurs laïcs ou ecclésiastiques se développent. Par exemple, le domaine de Saint-Germain-des-Prés à Paris, décrit vers 820 par le polyptyque de l’abbé Irminon (registre sur lequel l’abbaye note les terres dont elle est propriétaire), comprend de nombreuses terres situées dans les Yvelines.

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Plaque boucle de ceinture provenant de Vicq.

Les paysans y exploitent une tenure* en échange de redevances et de services au seigneur. Des paysans indépendants existent aussi. Ils exploitent de petites surfaces de terre appelées alleux.

Les artisans du métal maîtrisent particulièrement bien la réalisation d’accessoires vestimentaires : plaques-boucles, ceintures, fibules…

La majorité des plaques-boucles retrouvées lors de fouilles, en bronze, fer et argent, présente des décors classiques tels que des entrelacs. Certaines sont ornées de décors plus rares tels que des personnages ou des animaux. Une plaque-boucle décorée du nom de son propriétaire a été retrouvée à Poissy.

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Bols, cruches, gobelets et couvercle provenant d’Epône.

Les fibules, quant à elles, peuvent prendre différentes formes comme celle d’oiseaux ou encore d’animaux fantastiques.

Les artisans fabriquent également toutes sortes de bijoux : perles, boucles d’oreilles, bagues, bracelets…

Une céramique différente de celle de l’époque gallo-romaine apparaît. A Epône et aux Mureaux, des récipients de ce type, lisses ou granuleux et parfois peints, ont été découverts.

Architecture et habitat

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Reconstitution du bâtiment agricole de Chavenay (d’après P. Laforest et H. Grimaud-Labarde - SADY).

L’habitat en bois et en terre, un peu délaissé à l’époque romaine, revient en force. L’habitat reste dispersé sur le territoire.

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Maquette de maison des Mureaux du Ve - VIe siècle.
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Vue du fond du bâtiment agricole de Chavenay pendant les fouilles.

A Chavenay, un bâtiment agricole a été fouillé par le Service archéologique départemental. Il s’agit d’un édifice rural à six poteaux d’une dizaine de mètres carrés. La céramique mise au jour a permis de dater cet édifice du VIIe ou VIIIe siècle.

Aux Mureaux, des fouilles ont révélé un habitat rural des Ve et VIe siècles, puis une agglomération du VIIe au XIe siècle. Celle-ci comportait des maisons sur poteaux ou sur poteaux et solins*, un silo du début du VIe siècle, des fours à pain et des fonds de cabane. Des fossés et des voies organisaient l’espace.

Vie spirituelle

Au Haut Moyen Âge, le christianisme se développe. Des églises et des mausolées sont construits, mentionnés par les textes et connus par l’archéologie.

Le premier monument chrétien connu dans les Yvelines se situe à Jouars-Pontchartrain. Les restes d’une église ont été découverts en 1996 à l’occasion d’une fouille préventive lors de la construction de la déviation de la RN12. Cette église, datée de la fin du Ve siècle, de 23 m de long sur 16,50 de large, a un plan rectangulaire. La structure de l’édifice s’appuyait sur des colonnes dont on a retrouvé les bases et les fûts. Les murs devaient être ouverts de fenêtres vitrées et l’intérieur décoré de sculptures.

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Stèle funéraire de Gaillon-sur-Moncient ornée d’une croix grecque.

A Rosny-sur-seine, une église cruciforme de la fin de l’époque mérovingienne, surmontant une nécropole de la même période a été mise au jour.

A l’époque carolingienne, on connaît d’avantage d’édifices religieux. Le polyptyque d’Irminon atteste l’existence en 829 de deux églises dans la ville d’Orgerus, ainsi que celle d’une église à la Celle-Saint-Cloud. D’autres édifices religieux sont mentionnés à cette période. C’est le cas de la chapelle de Guerville et du monastère de Plaisir au VIIIe siècle ou des églises de Limetz-Villez et de Juziers au Xe siècle.

Dans l’église Saint-Nicolas de Saint-Arnoult-en-Yvelines, dont la partie la plus ancienne est antérieure au XIe siècle, les croyants viennent se recueillir sur les reliques de Saint-Arnoult, situées à l’emplacement de la crypte actuelle.

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Sarcophages de la nécropole de Gaillon-sur-Moncient en cours de fouille.

A l’époque mérovingienne, certains cimetières d’époque antique continuent d’être utilisés, mais de nouvelles et vastes nécropoles apparaissent. On y enterre les gens habillés et l’on dépose des objets dans les tombes, pratique païenne tolérée par le christianisme des débuts. Les défunts sont déposés dans des sarcophages de pierre ou de plâtre, dans des constructions de bois ou encore directement dans la terre. Les tombes s’orientent presque toujours de façon à ce que la tête du défunt soit à l’ouest, les pieds vers l’est et généralement en position allongée sur le dos.

Les nécropoles mérovingiennes sont plus nombreuses dans le nord du département, qui traduit la plus forte occupation du secteur. Les plus importantes, Andrésy, Maule, Vicq, Epône, Septeuil et Gaillon-sur-Moncient ont fait l’objet de fouilles récentes. Ces nécropoles ont livré de nombreux objets : céramiques, armes, outils, plaque-boucles de ceintures, bijoux, fibules…

Les nécropoles de Gaillon-sur-Moncient, Andrésy, Maule, Epône, Guitrancourt et Septeuil comportent des stèles* funéraires gravées. A Gaillon-sur-Moncient, certaines sont décorées de croix grecques ou de chevrons.

- Bibliographie

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"J’ai toujours rêvé d’être archéologue", l’expérience d’élèves de 5e de Bondy, dont le collège accueille en résidence Cyrille Le Forestier, archéologue de l’Inrap, pour une année scolaire. Une émission de 30 mn sur France Culture où les enfants s’expriment sur leurs découvertes et le métier d’archéologue. A écouter !

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