La Boissière-École : histoire d’une fouille programmée
Les membres d’une association locale (CRARM) et un archéologue du SADY avaient identifié, dès 1977, la présence d’un site antique dans un champ, au lieu-dit des Noues, à La Boissière-École, grâce aux nombreux tessons de poteries remontés en surface par les labours. Dans les années 85, des prospections au sol, aériennes et électriques ont permis de préciser la nature des vestiges et leur intérêt.
Un chantier de fouilles sur 3 ans
Devant l’excellente conservation du site, le SADY a obtenu une autorisation pour porter un Programme de recherche, entre 1989 et 1991. Il s’agissait alors de la première fouille intégrale d’un centre de production de céramiques d’époque gallo-romaine, avec toutes ses composantes (du travail de l’argile, jusqu’à la cuisson en passant par l’habitat de l’artisan).
L’étude portait sur trois ateliers distincts, actifs dans une période assez resserrée, des années 220 à 260 après J.-C. et qui ont produit une grande variété de céramiques communes, vendues jusqu’à Ablis. Mais, l’activité potière commence sur le site des Noues dès le Ier siècle après J.-C. (deux ateliers y ont été découverts).
Le travail d’étude des céramiques
La fouille a été suivie d’un important travail de lavage et de recollage des céramiques en vue de l’analyse des pâtes (composition, origine) et des formes céramiques permettant la comparaison avec d’autres productions de la même époque. Au total, sept tonnes de tessons ont été étudiées, donnant une riche collection de formes caractéristiques du IIIe siècle après J.-C. (cf. l’article sur une série de gobelets).
Une cuisson expérimentale
Les archéologues ont pu, en parallèle, émettre des hypothèses sur les fours gallo-romains et les modes de cuisson, aboutissant finalement en 1992 à une expérimentation dans l’un des quatre fours antiques découverts sur le site. Pour ce projet un peu fou, un potier professionnel établi dans l’Aude, Monsieur Pierre Bayle, et une trentaine d’archéologues professionnels et bénévoles ont été mobilisés.
Ce sont 340 pots qui ont été tournés sur le modèle des formes archéologiques, puis disposés et cuits dans le four restauré pour l’occasion. Pendant la cuisson, des sondes relevaient la température en différents emplacements de la chambre de chauffe.
Le défournement des céramiques a été conduit comme une fouille, la position de chaque pièce étant relevée afin de croiser les informations concernant les températures avec le résultat de la cuisson.
Ce travail de comparaison entre les données de fouille et la reconstitution a fourni des résultats très riches donnant lieu à des articles dans des revues spécialisées et à un ouvrage collectif du SADY (tuojours en vente) : « Fabriquer de la vaisselle à l’époque romaine ».
La médiatisation des résultats
Ce travail a également été rendu accessible au grand public par la réalisation d’une maquette restituant l’atelier de potier (à emprunter), la réalisation d’un film "Mémoire de feu, mémoire de terre" et le montage d’une [exposition itinérante "Trésors de terre", qui a circulé dans les Yvelines jusqu’en décembre 2010.
Voir l’animation du livret d’accompagnement pédagogique : Mémoire de feu, mémoire de terre