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Un sanctuaire gaulois à Bennecourt

Les druides ne cueillaient pas le gui au fond des bois !

Cette image d’Epinal de la cueillette du gui fait encore trop souvent office de "connaissance" assurée concernant la religion gauloise (pensons à Panoramix...). On a, effectivement, longtemps cru que cette religion était entièrement "naturiste" et se passait de sanctuaires construits, que les gaulois auraient, de toutes façons, bien été incapables de bâtir. Pourtant, de nombreuses fouilles depuis une trentaine d’années montrent une religion élaborée et un ensemble de rituels d’une rare complexité. C’est un sanctuaire de ce type qui a été fouillé à Bennecourt, au nord-ouest du département, dans les années 1980.

Comme d’autres lieux de culte, il est aménagé au sommet d’une butte, vers le milieu du IIe siècle av. J.-C. Il jalonnait, en bordure de Seine, le territoire du peuple gaulois des Véliocasses (Vexin), à la frontière de deux autres peuples : les Carnutes et les Aulerques.

Vue du sanctuaire gaulois en cours de fouille. On distingue l'entrée de l'enclos entre deux tronçons du fossé. Au fond, la fosse à offrande (encore non vidée) à l'intérieur du temple de bois (des piquets de bois ont été réinstallés à l'intérieur des trous de poteaux). {JPEG}Il se présente sous la forme d’un enclos carré d’une quinzaine de mètres de côté, délimité par un fossé profond d’un mètre cinquante. Vers l’extérieur, un talus de remblai (vraisemblablement surmonté d’une palissade) doublait le fossé. L’enclos était ouvert par une entrée en direction de l’est selon une géométrie rigoureuse (soleil levant au solstice d’été). On sait, par ailleurs, que les prêtres gaulois disposaient de connaissances mathématiques et astronomiques très précises. Au centre de l’enclos, une fosse creusée dans la craie était destinée à recevoir les offrandes, à la manière d’un autel (on parle d’ailleurs ici "d’autel souterrain"). La présence de cette fosse conduit aussi à penser qu’il s’agissait d’une, ou plusieurs, divinité(s) souterraine(s). Un peu plus tardivement (vers 120-100 av. J.-C.), un petit temple en bois à six poteaux vint abriter cette fosse.

Ce sont surtout les dépôts d’offrandes et ce que l’on peut restituer des rites qui sont spectaculaires. Comme sur d’autres sites fouillés en Gaule (Picardie notamment), les premiers parcours des offrandes (quartiers d’animaux sacrifiés, mais aussi armes, bijoux) aboutissent à la fosse centrale lors de cérémonies collectives. Il est probable que des banquets accompagnaient ces cérémonies, comme le laissent entrevoir certains textes.

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Une céramique quasi complète, écrasée parmi les dépôts d’ossements.
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Un des dépôts d’os et de céramique au fond du fossé.

A l’issue d’une longue décomposition, ces restes étaient ensuite prélevés et redéposés à l’intérieur du fossé. La fouille minutieuse de ces dépôts secondaires montre, cependant, qu’ils ont été effectués avec un certain soin et que le fossé ne faisait pas office de simple "poubelle". Il convient de se rappeler qu’une offrande reste définitivement consacrée et de fait propriété divine. Même son "abandon" doit obéir à certaines règles. Les restes animaux livrent en grande majorité du porc, suivi par du mouton et du bœuf. Plus rarement, on y trouve aussi du cheval et ...du chien !

Les offrandes matérielles comprennent surtout des monnaies (83) et des fibules en fer ou en bronze ainsi que de petits objets en os ou en ambre et quelques armes (épée, pointe de lance). D’autres catégories comme des couteaux, des éléments de seaux, des céramiques sont vraisemblablement les vestiges des banquets et cérémonies, laissés sur le sanctuaire après usage. Une petite statuette en craie représentant un oiseau est à mentionner plus particulièrement , elle fera l’objet d’un prochain article.

Ce sanctuaire est abandonné dans les années qui précèdent la conquête romaine. Là aussi, une série de rituels organisent sa destruction : nivellement du fossé, comblement des fosses. Mais un lieu sacré reste un lieu sacré, et une cinquantaine d’années plus tard (vers 20-10 av. J.-C. sous le règne de l’empereur Auguste), le sanctuaire est rebâti avec deux temples en bois puis en pierre, qui dureront jusqu’à la fin de l’époque romaine (IVe siècle ap. J.-C.).


- Bibliographie Age des Métaux

En image...

Maquette du sanctuaire gaulois durant une cérémonie. L'essentiel se passe à l'extérieur, seuls les prêtres et certains membres de la haute aristocratie ayant accès à l'intérieur de l'enclos sacré. Un personnage redépose d'anciennes offrandes dans le fossé.
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