Accueil du site > Patrimoines > Les sites des Yvelines > Deux églises de l’an Mil à Chavenay ?

Deux églises de l’an Mil à Chavenay ?

La première mention de l’église Saint-Pierre de Chavenay apparaît le 28 mars 1003 lorsque le roi Robert II, à la prière de sa mère Adélaïde - l’épouse d’Hugues Capet - confirme des donations faites en faveur de l’abbaye de Notre-Dame d’Argenteuil (Val-d’Oise) incluant l’église de Chavenay "Cavenolius […] cum eccslesia in honore sancti Petri... ".
Sa cure sera toujours dépendante de l’abbaye argenteuillaise, selon les pouillés chartrains, en 1250, puis au milieu du XVe siècle.
Il en sera ainsi jusqu’au XVIIe siècle, date à laquelle le prieuré se défait d’une partie de ses biens à Chavenay.

Cet acte royal mentionne aussi l’église de Trappes mais surtout une église disparue dédiée à Martin et située à Montilly. Or, Montilly (Montiliacus), n’est autre qu’un hameau disparu de Chavenay. Cette église est toujours dédiée à Martin en 1480, puis en 1596. Par la suite, elle est connue sous l’invocation de Fiacre. Elle est dite en ruine en 1644 et dépend encore de l’abbaye d’Argenteuil. Elle est pourtant représentée en élévation sur le Plan d’Intendance, en 1787 : "Chapelle Saint-Fiacre", mais n’est plus visible sur le Cadastre Napoléonien, en 1819.
Par chance, il subsiste encore aujourd’hui un lieu-dit dénommé "Le Bois Saint-Fiacre" qui nous rappelle l’existence et l’emplacement de cette église oubliée.







En 1995-1996, le Conseil général a subventionné une partie de sa restauration et a permis au SADY d’effectuer la surveillance des travaux dans l’édifice, en collaboration avec la mairie, l’architecte et les entreprises. Dans un premier temps, la surveillance a permis de mettre au jour une partie de l’abside et de la nef primitive de l’édifice (celui antérieur à 1003 ?).

JPEG - 96.8 ko
Vue intérieure de la fenêtre partiellement occultée par la colonne tripartite engagée.

Ainsi, à la fin du XIIe ou au début de XIIIe siècle le mur oriental de la nef primitive fut partiellement repris et rehaussé, conservant une partie de son appareil en opus spicatum. Au début du XIVe siècle, une modification des parties hautes fut entreprise. Cette modification est encore visible actuellement. Elle se distingue par l’adjonction de colonnettes engagées triples qui reçoivent une nouvelle voûte d’ogive plus haute que la précédente. Ces fines colonnes occultent une petite fenêtre de la nef primitive qui fut bouchée.

JPEG - 89.3 ko
Vue extérieure de la fenêtre partiellement occultée par le contrefort.

À l’extérieur, un contrefort vient se poser contre la fenêtre. Le mur ouest est détruit et remplacé par deux piliers qui s’appuient sur sa fondation, permettant ainsi l’accès à un nouveau bas-côté.






Plusieurs particularités

Lors de la surveillance des creusements liés aux travaux, dix sépultures furent mises au jour. L’une d’entre elles recelait trois pichets intacts datés du milieu du XIIIe siècle. Ils sont décorés de flammules - bandes verticales appliquées au pinceau - de couleur brun-rouge, et avaient été soigneusement déposés aux pieds du défunt.

JPEG - 104.4 ko
Vue des trois pichets lors de la fouille.

Lors de l’inhumation, ces pichets étaient remplis de charbons de bois et leur panse percée de petits trous pour laisser s’évacuer la fumée. Ils servaient ainsi d’encensoir. Le remplissage de cette sépulture atypique a également livré un potin - monnaie gauloise - perforé (réutilisé en pendentif ?), probablement Carnute, ainsi que deux tessons de céramique antique.

JPEG - 41.9 ko
Plan schématique de l’église de Chavenay.

Cependant, l’originalité de cette église et de ses inhumations réside surtout dans le fait qu’elle soit orientée nord-sud.

Cette anomalie s’explique par la présence d’une source votive dédiée à saint Pierre qui se place devant le chœur, au nord du sanctuaire. Cette disposition a également entraîné la modification de la position des corps des inhumés, orientés eux aussi nord-sud, contrairement à la tradition qui voulait qu’ils soient tournés vers l’est.

L’église de Rochefort-en-Yvelines, assise sur une forte pente orientée à l’ouest, présente elle aussi cette disposition inhabituelle mais avec un chœur orienté au sud.


- Bibliographie Moyen Âge

En image...

Vue des trois pichets.
Inscription newsletter
Recevez toute l'actualité du SADY
Sites internet favoris

"J’ai toujours rêvé d’être archéologue", l’expérience d’élèves de 5e de Bondy, dont le collège accueille en résidence Cyrille Le Forestier, archéologue de l’Inrap, pour une année scolaire. Une émission de 30 mn sur France Culture où les enfants s’expriment sur leurs découvertes et le métier d’archéologue. A écouter !

La liste complète des liens...