Episode 5 : les découvertes issues du diagnostic à Flins/Les Mureaux

Vers 13 000 ans avant J.-C., à la fin du Paléolithique, il y avait…
… une occupation exceptionnelle de cette période appelée « le Magdalénien ».
Il s’agit des vestiges d’un habitat de plein-air saisonnier, abandonné par un groupe de chasseurs-cueilleurs nomades (une seule tente d’un campement peut être plus vaste ?), mais également d’un empierrement énigmatique.
Cette occupation se situait à environ 1,50 m de profondeur dans une couche d’alluvions constituée de fins dépôts de sable et de limons.
▪ Un habitat de chasseurs magdaléniens occupé à l’automne : une conservation exceptionnelle !
L’habitat a été sondé sur 9 m², mais on estime qu’il s’étend certainement sur 100 à 200 m².
La partie étudiée a permis d’identifier ce qui constitue un sol d’occupation : au moins un foyer, des aires de rejets d’os et de silex, des aires d’activités (taille du silex) et une nappe d’ocre dont la fonction n’a pas encore été précisée.
▪ Le mobilier archéologique associé
Les objets recueillis sur ce sol sont des coquillages utilisés comme parure, des blocs de roches diverses (servant à caler des piquets de tente ?), des restes osseux (la viande est consommée et certains ossements sont façonnés en outils), mais surtout, des silex taillés pour réaliser l’outillage nécessaire à la vie quotidienne.
- Fragment d’un crâne de cheval âgé de 5 à 6 ans, découvert à environ 100 m de l’habitat, dans le même type de sédiments.
- La présence de ce bois de renne complet (avec l’accroche osseuse) indique que les Hommes ont probablement installé leur habitat à l’automne.
Les nombreux restes de faune retrouvés sont les vestiges d’une activité de boucherie : au moins deux rennes ont été abattus, débités et consommés. Du bison et du cheval ont aussi peut-être été chassés puisque quelques ossements ont été identifiés.
Toutes les parties des animaux étaient utilisées : peau, tendons, viande, os et bois … preuve en est, la découverte d’une pointe de sagaie (arme de jet servant pour la chasse), faite dans un bois de renne.
Le silex était la matière première très majoritairement utilisée pour la fabrication des outils durant la Préhistoire. Les Magdaléniens produisaient des lames, des lamelles et des éclats avec lesquels ils réalisaient des outils (certains s’utilisent avec un manche en bois ou en os) et des armatures (élément tranchant collé à un bois de renne, par exemple, pour obtenir une sagaie).
- Pointe de sagaie expérimentale : le bois de renne a été rainuré par un burin, puis les armatures (lamelles en silex) ont été collées à l’aide d’une résine végétale (J.-M. Pétillon et C. Guéret).
Le silex local était le plus utilisé, il était probablement ramassé sur les berges de la Seine.
- Burin recouvert d’ocre sur l’un de ses bords (côté droit). L’ocre pourrait avoir servi au travail des peaux.
Des centaines d’objets ont ainsi été identifiés lors de la fouille : des burins pour rainurer de l’os ou des bois de renne, des grattoirs pour nettoyer les peaux, des lames pour couper…
▪ Une structure pierreuse énigmatique …
- Empierrement après son dégagement complet… ses bords sont assez droits et réguliers, il mesure 1,50 m sur 2,70 m.
Cet empierrement, découvert environ 500 m à l’ouest de l’habitat et dans le même type de sédiment, est composé de blocs et de petites dalles en calcaire et en grès. S’il est certain que les Magdaléniens sont bien à l’origine de cette structure, il est aujourd’hui impossible d’en comprendre la fonction. Aucune structure de ce genre n’avait encore été découverte.
- Le seul mobilier collecté est une série de coquillages qui montrent, au microscope, des traces d’ocre ou d’hématite.
Outre l’agencement assez régulier des pierres, le seul indice qui permettrait un jour d’interpréter cette structure est la présence de 23 coquillages, dont 10 étaient couverts d’ocre ou d’hématite. Mais, ce geste humain n’a pas encore trouvé d’explication.
▪ Un intérêt scientifique indéniable
L’originalité de l’occupation magdalénienne de Flins-sur-Seine/Les Mureaux est son état de conservation exceptionnel, mais également sa rareté. En effet, peu d’exemples de ce type ont été identifiés durant les deux siècles d’étude de la Préhistoire en France. Avant cette découverte, seuls trois sites, ou indices de sites, de cette période étaient connus dans les Yvelines ; ce qui contraste grandement avec le sud-est du Bassin parisien, où près d’une vingtaine de sites, ou indices de sites, sont actuellement connus.
L’étude des sites bien conservés du Bassin parisien a permis de comprendre l’environnement existant à cette période et ainsi de proposer des reconstitutions.
Malgré la faible surface fouillée à Flins-sur-Seine/Les Mureaux, la très bonne conservation du site offre la possibilité d’une représentation imagée de cette occupation temporaire des bords de Seine, il y a plus de 13 000 ans…
Episode 6 : les nouveaux sites... du Néolithique !