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À la recherche des décors de Peau d’âne... la suite

La fouille des vestiges de la cabane du film Peau d’âne, de Jacques Demy, située dans le parc d’un château privé à Gambais (Yvelines), s’est poursuivie durant 2 semaines en mai 2014. Cette seconde campagne (cf. la fouille de 2013) a permis d’étudier l’intérieur de la cabane, visible dans le film, et de mener des prospections autour de la ferme du château et dans le parc, notamment vers le repère secret de la fée...

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Vue générale de la campagne 2014 (Cilché O. Weller).

La tranchée de 15 m² réalisée cette année a révélé du mobilier lié à la vie pendant le tournage : clous, verre de bouteille, plexiglas, fume-cigarette, tessons de céramique, ossements animaux, mégots de cigarette…
D’autres objets sont apparus à l’extérieur de la maison et témoignent du travail des décorateurs de cinéma : tête de marteau de tapissier avec son manche, clous, scotch, chevilles en bois, carton écrasé…
En revanche, à l’intérieur plusieurs petits éléments de type strass ou imitation de diamant correspondent à des décors (miroir de la princesse) ou des costumes (bijoux fixés sur la robe couleur soleil de Catherine Deneuve). Ces éléments en verre ou en cristal font actuellement l’objet d’une analyse physico-chimique pour en déterminer la composition précise.

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Une perle provenant du diadème de la robe portée par Catherine Deneuve (Cliché O. Weller).

Une grosse perle bleue, perforée et facettée, semble aussi correspondre à une des perles ornant un diadème décorant la robe bleue de la princesse. Toutefois, Peau d’âne ne porte jamais cette robe dans la cabane, ou du moins pas à l’écran.
Enfin, la zone de la cheminée et du four où la princesse réalise son cake d’amour a bien été localisée. En plus d’une possible sole en dalles plates, la zone est charbonneuse et riche en éléments de verre, de plexiglas et de tessons de céramique. Elle sera fouillée l’an prochain et devrait permettre de dégager la rampe à gaz qui alimentait la cheminée.

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Le cadre métallique du miroir de la fée, retrouvé dans le parc du château (Cliché O. Weller).

Un dernier objet, et non des moindres, a été découvert, étrangement, assez loin de la zone de tournage de la cabane ; cette pièce constitue un important vestige archéologique de cette séquence du film : le cadre du fameux miroir de la fée. Conçu à partir d’éléments en fer soudé à l’arc, les motifs végétaux sont encore bien visibles et la pièce est quasi complète. Un rail en métal, muni de 8 vis pour sa fixation au sol, est encore à retrouver…

Non loin de là, dans un autre secteur du parc, l’équipe d’Olivier Weller (UMR 8215 - CNRS et Université de Paris I) a cherché à mieux définir une zone de tournage où des éléments de décor avaient été abandonnés : le repère de la fée. Cet espace est couvert de fougères et de bouleaux et reste difficile à lire. Malgré la découverte de fragments de polystyrène, de plâtre provenant d’un grand coquillage, de grillages et de bouteilles, les archéologues ont souhaité mener, comme pour la cabane, une série de mesures sur le sol afin de préciser la micro-topographie et les anomalies de résistivité électrique. La prospection des anomalies métalliques au détecteur de métaux sera réalisée prochainement.
Des décors comme le grand coquillage et l’une des colonnes du porche d’entrée ont clairement marqué le sol et le sous-sol. Une figure animale de lion, réalisée en plâtre, a même été retrouvée au pied du coquillage, bien qu’elle ne figure pas dans les séquences avec la fée, mais plutôt dans le rêve que font les amants dans une vaste prairie…

Ces recherches archéologiques intègrent un projet plus ample de documentaire audiovisuel autour de l’archéologie du cinéma et, plus largement, des images produites et du récit imagé, comme le conte de fée. Ainsi, les vestiges matériels de très courte utilisation et de vie plus ou moins étendue seront étudiés et pourront servir de référentiel à la discipline. Ajoutés aux récits des témoins vivants (comédiens, techniciens, figurants, propriétaires des lieux de tournage) et aux archives cinématographiques et familiales, il deviendra possible d’approcher la vie et la mort d’un tournage de cinéma, évènement fugace mais qui marque encore la mémoire collective, depuis celle des acteurs et des techniciens, à celle du grand public, enfants comme adultes.

L’actualité des découvertes de l’année et tous les autres aspects de ce projet aux multiples facettes fournissent un excellent prétexte pour (re)voir le remarquable film de Jacques Demy durant l’été…

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"J’ai toujours rêvé d’être archéologue", l’expérience d’élèves de 5e de Bondy, dont le collège accueille en résidence Cyrille Le Forestier, archéologue de l’Inrap, pour une année scolaire. Une émission de 30 mn sur France Culture où les enfants s’expriment sur leurs découvertes et le métier d’archéologue. A écouter !

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