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Renaissance d’une plaque-boucle mérovingienne (Vicq)

Les Mérovingiens (Ve-VIIe siècle après J.-C.) enterraient leurs morts habillés et, le plus souvent, accompagnés de leurs objets personnels.
Les matériaux organiques (tissus et objets en cuir) disparaissent rapidement, sauf conditions de conservation exceptionnelles, mais les céramiques, les verreries et les éléments métalliques d’armement ou de parure sont fréquemment retrouvés. Ces derniers sont généralement altérés par la corrosion, au point que leur forme et leur fonction peuvent devenir indiscernables, empêchant toute étude.

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Une plaque-boucle mérovingienne lors de sa découverte (nécropole mérovingienne de Vicq).

C’est ainsi qu’un objet ferreux informe peut passer inaperçu… à moins qu’il soit radiographié ! L’image radiographique permet en effet de mieux voir sa forme, de distinguer certains décors et d’évaluer son état de conservation.





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Radiographie de l’objet : les zones plus blanches indiquent un métal mieux conservé.

Sur la radio complète de cette plaque-boucle, issue de la nécropole mérovingienne de Vicq (cf. lien vers l’article paru dans Archéologia en ligne), on peut distinguer un décor de lignes, d’étoiles et des cercles, dont certains éléments apparaissent plus nets que d’autres. Les zones plus blanches sont plus denses et peuvent laisser penser à la présence de métaux distincts (laiton, cuivre, argent…).

La couleur "rouille" de la surface permet d’identifier le métal principal (le fer), mais celui-ci s’est transformé en produits de corrosion au point qu’il reste très peu de fer dans l’objet. Si le noyau métallique de la plaque s’était conservé, il aurait donné une image très blanche et très nette sur le cliché.

Une restauration spectaculaire

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La restauration révèle une damasquinure d’argent et de laiton sur la plaque.

Repérer les décors est une chose, les mettre en évidence en est une autre : le dégagement peut être assimilé à une micro-fouille archéologique, où l’on élimine progressivement la corrosion pour atteindre la surface portant le décor encore conservé, sans passer au travers.

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Dernière étape de la restauration.

Ce travail est effectué à l’aide de toutes petites meules fixées sur un microtour de prothésiste dentaire et sous binoculaire pour mieux suivre la progression du nettoyage. Les phases de dégagement alternent avec des consolidations à base de résine, qui permettent de redonner une cohésion au matériau fragilisé par la corrosion et par les vibrations induites.

Ainsi, lentement, des fils d’argent et de laiton apparaissent, révélant un décor damasquiné assez original.

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Plaque-boucle de Vicq au terme de sa restauration (seconde moitié du Ve siècle).

Enfin, au terme de plusieurs jours de travail, le décor est visible sur les trois parties de la plaque-boucle (boucle, ardillon et plaque) ! Il s’agit de cercles concentriques en fil d’argent (blanc) et de laiton (jaune) et de petites étoiles en argent.
Ces damasquinures bicolores sont un style décoratif caractéristique du Ve siècle, inaugurant le tout premier Moyen Âge. L’ardillon était également orné d’un élément en verre très dégradé, de forme carré, rare pour cette époque.

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