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Époques moderne et contemporaine

De 1492 à nos jours

Tout fait matériel peut devenir archéologique s’il nous aide à comprendre l’époque où il a eu lieu. C’est pourquoi les archéologues fouillent des sites même très récents, comme des mines du XIXe siècle ou des tranchées de la première guerre mondiale.

Dans les Yvelines, l’occasion de fouiller ce type de site ne s’est pas encore présentée. En revanche, plusieurs sites de l’époque moderne ont fait l’objet de recherches. Il existe souvent des textes concernant ces sites, mais les fouilles complètent les informations qu’ils apportent, sur des aspects techniques ou de la vie quotidienne dont les textes ne rendent pas compte.

Le territoire et les hommes

Le déséquilibre du peuplement entre nord et sud se confirme. Les cartes des XVIIe et XVIIIe siècles, comme celle de Cassini ou la carte des chasses du roi, constituent des témoignages précieux sur l’implantation humaine dans les Yvelines à l’époque moderne.

Les paroisses les plus peuplées des Yvelines au début de l’époque moderne sont Chevreuse, Houdan, Mantes-la-Jolie, Marly-le-Roi, Montfort-L’Amaury, Saint-Arnoult-en-Yvelines, Triel-sur-Seine et surtout Saint-Germain-en-Laye et Versailles, villes royales.

En effet, à partir du XVIIe siècle, les Yvelines bénéficient d’un essor économique important, notamment, grâce à la présence du roi. Louis XIV séjourne à Saint-Germain-en-Laye jusqu’en 1682 puis à Versailles où la « ville neuve » est créée dans le prolongement architectural du château. Elle dépend de l’autorité du roi et il faudra attendre la veille de la Révolution pour que Louis XVI y accepte un corps municipal. Le développement de Paris, qu’il faut approvisionner, favorise également cet essor économique et commercial. Il existe en effet de nombreux marchés réguliers et foires ponctuelles mais aussi des artisans locaux qui offrent des services variés (boulangers, vitriers, drapiers, aubergistes…). Le marché aux bestiaux de Poissy est toujours aussi réputé qu’au Moyen Age. La ville de Saint-Arnoult-en-Yvelines, connue pour son marché au blé au Moyen Age, s’étend au XVIIIe siècle et accueille toujours de nombreux marchés et foires. En 1634, lorsque la ville de Versailles commence à se développer, un marché hebdomadaire et trois foires annuelles y sont établis.

Production agricole et artisanale

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Carrière de pierre à Carrières-sur-Seine.

L’activité agricole s’effectue toujours dans le cadre de la seigneurie, comme au Moyen Age. L’ amélioration de la production agricole rend possible le développement du commerce. Le département continue ainsi de commercialiser ses vins.

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Tasse en faïence de Vaux-sur-Seine conservée au musée de Sèvres.

La construction des bâtiments à Versailles ou à Saint-Germain-en-Laye, par exemple, nécessite une grande quantité de matière première dont une partie est prélevée dans les carrières du département. Comme son nom l’indique, la ville de Carrières-sur-Seine en possède une dès le Moyen Age, toujours en activité à l’époque moderne, tout comme la ville de Conflans-Sainte-Honorine.

Le département compte de nombreux ateliers de céramique, de tuileries mais aussi de briqueteries. Témoins de cet artisanat, le nom des lieux-dits où se situaient la production : la Tuilerie, la Marnière, la Briqueterie ou Buqueterie, le Trou à Glaise, les Glaises, Langlaiserie, la Glisière, la fosse rouge, le trou rouge… A Vaux-sur-Seine, par exemple, on construit une manufacture de faïence puis de porcelaine en activité pendant une quinzaine d’années à la fin du XVIIIe siècle.

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Pot en faïence de Richebourg conservé au musée de Sèvres.
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Assiette en faïence de Richebourg conservée au musée de Sèvres.

L’endroit où elle se situait s’appelle aujourd’hui « La Manufacture ». Le registre d’Etat civil de Richebourg, quant à lui, montre une très forte présence d’ouvriers, de journaliers et de contremaîtres travaillant à la faïencerie qui fut fondée vers 1835-36.

C’est dans les Yvelines que l’on fabrique la célèbre toile de Jouy dont les motifs à personnages en camaïeu ont fait la réputation. Une manufacture est fondée en 1760 à Jouy-en-Josas et prospère pendant de nombreuses années exportant sa production dans de nombreux pays. La production s’achève en 1843.

Architecture et habitat

Quelques châteaux fouillés

Contrairement à certains châteaux forts, celui de Beynes n’a pas été abandonné ou détruit après le Moyen Age. Il fait partie des châteaux qui ont été adaptés aux exigences de la Renaissance. En 1553 Henri II l’offre à sa favorite, Diane de Poitiers. Quelques années plus tard, celle-ci fait appel à l’architecte Philibert Delorme pour aménager le château. Deux pavillons de style renaissance sont construits, pouvant être attribué avec certitude au célèbre architecte. Des relevés archéologiques, réalisés par le Service archéologique départemental des Yvelines, ainsi que le devis de leur démolition en 1732, ont permis de localiser et d’élaborer une restitution de ces pavillons. (mettre reconstitutions de Bruno). Ils comportaient de grandes cheminées, de grandes fenêtres et des planchers pour améliorer le confort.

Sur l’ordre du roi Henri II, Philibert Delorme construit le château royal de Saint-Léger-en-Yvelines au milieu du XVIe siècle. Dès 1668 l’édifice est démoli sous ordre de Louis XIV. Des études archéologiques sont venues confirmer l’exactitude de la gravure représentant le château, réalisée par Androuet Du Cerceau au XVIe siècle. On a pu restituer la moitié du château. De l’autre moitié, une partie a disparu, l’autre n’a pas été réalisée. Les débris de la démolition ont permis de connaître les matériaux utilisés pour la construction : la brique et la pierre pour les murs, l’ardoise pour la couverture. Les fouilles ont également révélé que le château était situé sur un château du Moyen Age dont une partie a été intégrée dans le nouvel édifice par Philibert Delorme.

Les jardins historiques

L’organisation géométrique des jardins de l’époque moderne en font des éléments d’architecture à part entière. Les fouilles complètent la connaissance que les plans conservés peuvent donner sur l’implantation des végétaux, des éléments liés à l’eau, ainsi qu’au mobilier de ces jardins.

Ainsi, dans le cadre d’un projet de mise en valeur du jardin de Versailles, le bosquet de l’Encelade, aménagé en 1675, a été fouillé en 1990 afin de restituer le treillage d’époque. Ce dernier entourait le bassin toujours visible. A partir des fondations en pierre de ce treillage, encore en place, on a pu déduire son positionnement général.

Les bassins des anciens bosquets du Dauphin et de la Girandole, situés dans le parc de Versailles, ont également fait l’objet de fouilles en 1994. Ces bosquets symétriques, datant de 1665, étaient placés sur les Quinconces actuels. Ils se composaient d’un bassin rond au centre, entouré d’allées inscrites dans un carré. En vue d’une campagne de replantation, les fouilles étaient destinées à prendre connaissance des structures encore existantes pour orienter la disposition des nouveaux végétaux. Les vestiges mis au jour n’ont pas permis de restituer les bosquets mais deux bassins inconnus ont été repérés.

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Carreau de faïence de Marly.

Des fouilles archéologiques ont également eu lieu dans le parc du château de Marly, commencé en 1679 sous la direction de Jules-Hardouin Mansart et détruit au XIXe siècle. L’architecture du parc et de ses bâtiments était peu connue. Les fouilles ont donc porté sur les fondations des pavillons, les allées de treillage, les aqueducs sous-terrains alimentés par la machine de Marly, la cascade champêtre et les fosses d’aisance. Le parc a livré de nombreux objets comme des fragments de vitres, des morceaux de marbre et de carrelage multicolores en faïence. Ces carreaux du XVIIe siècle provenaient de diverses régions : de Saint-Cloud, de Lisieux et même de Hollande (probablement Delft). Les six bassins nommés « de faïence » (ils étaient ornés de carreaux de faïence au fond et sur les côtés), prenaient place sur la grande terrasse, autour du château. Entourés de balustrades en fer et décorés d’animaux en plomb peint, ces bassins étaient ornés en leur centre de statues en marbre. A l’écart du château, le pavillon des bains renfermait des baignoires en cuivre où l’on pouvait se laver. Cette pièce des bains était, comme les bassins, carrelée de faïence de Hollande aux décors variés : paysages, villages, motifs géométriques, fleurs de lys… Dans les latrines de ces pavillons, les archéologues ont découvert des objets domestiques en verre et en faïence de la seconde moitié du XVIIIe siècle : mobilier de table et de toilette tels un pot à eau ou une cuvette décorés aux armes du château.

Vie spirituelle

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Vestiges de l’abbaye de Port-Royal.

L’époque moderne est une période d’ébullition spirituelle qui remet en cause la suprématie du catholicisme « officiel ». Ainsi, comme dans le reste du royaume, le département est témoin des guerres de religion au XVIe siècle entre catholiques et protestants. Les conflits provoquent le pillage de certains villages comme celui de Saint-Arnoult-en-Yvelines par exemple. Cependant, les luttes ne furent pas sanglantes dans la plupart des cas, la population restant en majorité catholique.

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Représentation de Port-Royal Archives départementales des Yvelines A43.

Au XVIIe siècle, au sein même du catholicisme, différents courants apparaissent. L’un des plus virulent, auquel Louis XIV et la papauté s’opposent, est le courant janséniste. Ses adeptes, réfugiés à l’abbaye de Port-Royal des Champs (commune de Magny-les-Hameaux), sont finalement expulsés en 1709 et l’abbaye est rasée sur ordre de Louis XIV en 1711. Des fouilles ont eu lieu dans le verger de l’abbaye, permettant la restitution de son état du XVIIe siècle.

- Bibliographie

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"J’ai toujours rêvé d’être archéologue", l’expérience d’élèves de 5e de Bondy, dont le collège accueille en résidence Cyrille Le Forestier, archéologue de l’Inrap, pour une année scolaire. Une émission de 30 mn sur France Culture où les enfants s’expriment sur leurs découvertes et le métier d’archéologue. A écouter !

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