Tout commence alors que la Gaule vient d'être conquise par Rome. Le fondateur de la dynastie est un aristocrate gaulois. Pendant sa jeunesse, il s'engage dans les armées romaines. Les combats l'amènent jusqu'en Afrique du Nord vers les années 45 avant J.-C. A cette époque, les deux grands généraux romains, César et Pompée, s'y affrontent pour prendre le pouvoir. En récompense de ses services, Rome lui donne des terres et le fait " citoyen romain ". Il devient l'un des dirigeants du peuple carnute (capitale Chartres).
Cette hypothèse est émise par Yvan Barat, archéologue
au Service archéologique départemental des Yvelines, responsable
de la fouille. Tout montre que, dès son installation, ce Gaulois
est romanisé. Il se construit une villa, près de 100 ans
avant tout le monde. Il vit dans un luxe " à la romaine ".
C'est pourtant un Gaulois, comme le prouve le temple celtique qu'il construit
pour honorer ses dieux. Or, nous sommes dix ans après la " guerre
des Gaules ".
Ce mode de vie est inhabituel et témoigne du parti pro-romain de cet
aristocrate.
A l'époque, ce choix nécessite une participation active, impliquant
un engagement militaire au sein de l'armée.
Une partie de la noblesse gauloise a choisi de soutenir Rome. Elle a senti que la Gaule était appelée à entrer dans le giron de l'Empire. De nombreux historiens pensent que la mainmise romaine était inévitable. Même si Vercingétorix était sorti vainqueur à Alésia, le sens de l'histoire allait dans une seule direction : l'intégration à l'Empire dans les 10 à 30 ans.
Le choix du parti pro-romain n'est pourtant pas anodin. Il y va de sa vie, de son avenir, de son destin. Pour cette aristocratie militaire, cela oblige à prendre les armes du côté du camp choisi. C'est dans le corps des auxiliaires que se retrouvent ces partisans. Ils arrivent avec leurs armes, leur cheval, parfois accompagnés de leurs troupes.
Du passé militaire du Gaulois de Richebourg, les archéologues ont retrouvé deux pièces de monnaie. Elles ont été frappées en Afrique par deux partisans de Pompée, l'adversaire de César. Ce général et homme politique romain a formé avec César et Crassus, en - 60, le premier triumvirat. A la mort de Crassus, il se déclare hostile à César. Commence alors ce que l'histoire a appelé " les Guerres civiles ". Pompée est battu en - 48 à Pharsale (Grèce), il se réfugie en Egypte où il est assassiné. Son fils Sextus Pompée poursuit la lutte en Afrique et en Espagne avec l'aide notamment de Caton d'Utique, l'un des émetteurs des deux monnaies. Il essuie une défaite définitive en - 45 à Munda (Espagne).
Ces pièces ont été frappées en Afrique du Nord en - 46 et - 45. Leur présence dans l'escarcelle de notre aristocrate n'est pas un hasard. Deux hypothèses sont envisageables. Soit il est partisan de Sextus Pompée et reçoit logiquement ces pièces en rémunération. Soit il est du côté de César, et se paye sur le trésor de guerre confisqué aux partisans de Pompée. Le nombre de pièces a dû être beaucoup plus important. Mais les archéologues ne retrouvent que les objets égarés, c'est-à-dire un très faible pourcentage.
Pendant la guerre des Gaules, de nombreux aristocrates gaulois, accompagnés
de leurs propres troupes, se sont mis au service de César. Parmi
eux, il est fort possible que Vercingétorix lui-même ait prêté
main-forte aux Romains.
Pour Christian
Goudineau, l'argument le plus fort en faveur de cette hypothèse
réside en la familiarité que démontre Vercingétorix
avec la " guerre à la romaine ". Il impose à ses troupes
des stratégies et des tactiques nouvelles qui attestent une longue
expérience, évidemment forgée grâce à sa
participation aux campagnes de César : ces choses-là ne s'inventent
pas ".
Pour les chefs gaulois, le choix de Rome n'est pas uniquement idéologique. Il est même davantage dicté par l'intérêt. Ils en attendent récompense et pouvoir politique. Après leur service dans les armées, César leur donne des terres. En huit ans de combat, la Gaule a perdu entre 1/3 et 1/5 de sa population. Les historiens évaluent entre 700 000 et un million le nombre des morts. De nombreuses terres se retrouvent libres et peuvent être attribuées en récompense. Les aristocrates obtiennent aussi des pouvoirs politiques qui font d'eux les plus hauts personnages des Cités.
Ainsi, la guerre des Gaules, puis les guerres civiles, ont contribué
à maintenir et même à renforcer les aristocraties. Elles
ont facilité leur intégration dans la société
romaine par leur engagement dans l'armée. Ce sont les leviers qu'utilise
le pouvoir romain pour s'imposer.