L'année de cet artisan commence à la mauvaise saison. C'est à ce moment qu'il va chercher les matières premières nécessaires. Le potier de La Boissière-Ecole s'approvisionne en argile sur un gisement situé à 5 kilomètres. Il peut donc faire l'aller-retour dans la journée. L'argile, une fois extraite, doit être traitée par pourrissement et décantation. Elle est mise à reposer dans une fosse peu profonde. La pluie, l'action bactérienne et l'influence du gel et du dégel en favorisent l'homogénéisation. Le potier doit donc faire ses réserves avant les pluies et le gel. Il doit aussi ramasser le bois dont il aura besoin pour la cuisson de ses pots. A cette période, le bois n'est pas en montée de sève et sèche plus vite.

Ensuite, l'artisan poursuit la préparation de l'argile. Il rajoute de l'eau dans les fosses où l'argile avait été mise à reposer. Il la piétine, la hache et la retourne. Le potier y ajoute du sable trouvé non loin du site : c'est le " dégraissage ". La présence de sable dans l'argile rend la pâte plus lâche, ce qui facilite le tournage, diminue le risque de fendillement au séchage et augmente la résistance aux chocs thermiques.

Tout est maintenant prêt pour que le potier commence le tournage des pots. Il s'assied au bord de la fosse où est placé son tour. Il pose une motte d'argile sur le plateau, lance la rotation à la main ou avec l'aide d'un bâton et donne à l'argile la forme souhaitée.
De nombreuses formes peuvent sortir des mains habiles de l'artisan. La production de La Boissière-Ecole révèle un excellent niveau technique. Les vases sont bien calibrés et la marge d'erreur très faible. Grâce à sa maîtrise du geste, le potier peut produire les mêmes formes avec des dimensions semblables correspondant à des mesures courantes, leurs multiples et sous-multiples. Une fois sa série de pots terminée, le potier va la mettre à sécher dans une pièce chauffée. Cette phase du travail est très importante. Du bon déroulement du séchage va dépendre la tenue des céramiques à la cuisson.

Avant la cuisson, il reste encore à faire les finitions. Toutes les céramiques n'en reçoivent pas. Celles qui doivent servir au transport ou au stockage de denrées n'en ont pas besoin. L'absence de finition peut aussi avoir une raison pratique. Ainsi, une cruche laissée poreuse maintient le liquide qu'elle contient au frais. Elle permet aussi le fumage des vins. Le potier peut faire les finitions pendant ou après le séchage. Pour lisser les céramiques, il attend qu'elles soient presque sèches. Puis, il retravaille leur surface avec un outil dur et de texture fine. Cet outil peut être en os ou en silex. Les potiers récupèrent souvent des lames de hache polie préhistoriques, propices à cet usage. Ce procédé n'est pas seulement décoratif. Il augmente l'étanchéité du vase et peut avoir une fonction anti-adhésive lors de la cuisson. A la fin du séchage, le potier applique sur certains vases un engobe. C'est un enduit composé d'argile diluée dans de l'eau. Il rend la surface du vase plus lisse et peut en changer la couleur si l'argile utilisée est différente de celle du pot. L'artisan peut également ajouter des particules de mica à l'engobe ou sur la surface même du vase. Cela donne à la céramique un aspect brillant et doré, imitant la vaisselle métallique.

La cuisson des pots peut maintenant avoir lieu. Pour la pratiquer, le temps ne doit être ni trop froid, ni trop humide. Elle a donc lieu entre mars et octobre. Le potier place ses céramiques dans le four en les empilant soigneusement pour perdre le moins de place possible et pour qu'elles soient bien stables. Il descend dans l'aire de chauffe et amorce son feu. La cuisson est délicate. Il faut que la température augmente doucement et régulièrement, sinon les vases risquent d'éclater. Le four est maintenu à 900 degrés environ pendant plusieurs heures. Le potier doit faire attention à ce que le feu soit également réparti sous la sole, sinon tous les pots ne sont pas bien cuits et une partie de la fournée est irrécupérable. Il faut ensuite laisser refroidir le four. Si on l'ouvre trop tôt, la différence de température fait exploser les céramiques. Sortie du four, la production est stockée dans l'attente de son utilisation ou de sa commercialisation.



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